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Municipalité Saint-Alphonse-Rodriguez

Au coeur de la Matawinie

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Riche en bois, la forêt obéit à un relief régulier et ne cède son règne qu’aux lacs et à la glèbe modeste.

Historique

Dans les hauteurs du piémont, Saint-Alphonse-Rodriguez est tout en eau et en bois.

Le camp n’est plus que chalet, la hache, apparat. Comme les vallons tout de glace polie, les maisons subsistent grâce aux poutres massives, équarries à la hache.

Le site de Saint-Alphonse-Rodriguez

Une portion du canton de Cathcart et de l’augmentation de Kildare délimite le territoire de la municipalité.

Riche en bois, la forêt obéit à un relief régulier et ne cède son règne qu’aux lacs et à la glèbe modeste. Les collines en saillie correspondent aux roches plus résistantes (anorthosite et granulite) alors que les vallons creusés à même les roches plus friables (paragneiss à sillimanite et grenats), supportent la ligne des talwegs (point le plus bas d’une vallée).

L’eau vive de la rivière L’Assomption exploite le fond d’un de ces vallons, dans l’est du canton de Cathcart, jusqu’à la barre qui la conduit sur les « Champs Vallons » vers Sainte-Béatrix.

Prisonnier des verrous (bosses de roche qui barrent la vallée), les lacs s’étirent entre les collines au grand plaisir des citadins ripuaires (riverains).

Sources: HÉTU, Dominique, Carmen LEFEBVRE. Si j’ai bonne souvenance, Saint-Alphonse Rodriguez, Québec, Éditions Odile Germain inc., 1987, 228 p. MORISSONNEAU, Christian, et autres. Guide de Lanaudière, Culture, histoire et tourisme, Éditeur Le Citoyen, 1985, 328 p.

L’histoire de Saint-Alphonse-Rodriguez

Les premiers colons montent de Rawdon et de Saint-Jacques, ils sont Acadiens ou Irlandais.

En grande partie détachées de Saint-Ambroise-de-Kildare, les structures paroissiales (1858), puis municipales (1859) serviront de base à la consolidation du peuplement en marge des riches terres agricoles du Saint-Laurent. Les défrichements seront beaucoup plus modestes que dans les seigneuries plus à l’est d’Ailleboust et Ramezay (Sainte-Béatrix et Saint-Jean-de-Matha), pourtant à la même hauteur.

Les colons se tourneront définitivement vers la forêt qu’ils défricheront le long de la rivière L’Assomption (axe Saint-Côme-Joliette). La colonisation s’apparentera beaucoup à celle menée le long de la rivière Ouareau (axe Chertsey-Saint-Donat).

L’abbé Théophile-Stanislas Provost a été surnommé "curé colonisateur" à cause de ses écrits éloquents en faveur de la colonisation dans Lanaudière; il assurera la cure du "Bienheureux-Alphonse-Rodriguez" durant quatre ans (1860-1864).

La vie du colon

Dans la seconde moitié du 19e siècle, la colonisation et l’agriculture sont une préoccupation majeure des gouvernants qui y voient la seule manière de contrer les problèmes économiques et l’émigration. Pour éviter que les Canadiens français ne s’exilent en quête de revenus, on leur offre de nouveaux espaces à conquérir, une terre à posséder, mais cette terre est boisée et souvent inculte.

Le travail de défricheur demande beaucoup d’ardeur, de courage, de patience et de persévérance. Bien des années s’écoulent avant que le colon puisse se payer une simple maison en bois, au toit de bardeau, et vivre de sa terre.

C’est à l’automne qu’il s’enfonce seul dans les bois avec quelques outils et provisions. Il se construit un abri temporaire et l’hiver venu, il défriche quelques acres. Au printemps, il va chercher sa famille. Sitôt installé, on se hâte de nettoyer le sol pour les semailles. On sème à la volée du blé, du mil et de l’avoine. La mère s’occupe du jardin; elle y cultive du maïs, du navet et des fèves.

Dans le cours de l’été, le colon poursuit le défrichement de son lot. Il conserve le bois de pin, d’épinette et de cèdre pour la construction. Il brûle les débris et les petits arbres. La cendre est apportée à la "potasserie". La potasse, cendre lessivée, sert de base à la fabrication du savon. La vente de ce produit permet au colon de se procurer quelque outillage. Le retour de l’automne est quelquefois pénible; s’il y a lieu sécheresse ou gelée hâtive, les récoltes ne seront peut-être pas suffisantes pour faire vivre la famille, comme celles de 1859 dont une bonne partie a été perdue. Le colon est à la merci de la nature. Aussi cherche-t-il un autre revenu: l’industrie du bois jouera ce rôle complémentaire. Vers la mi-octobre, le colon "monte" aux chantiers pour n’en revenir que le printemps suivant.

Plusieurs se souviendront de cette époque où presque tous les hommes partaient pour Saint-Côme ou ailleurs pendant que les femmes s’occupaient de la marmaille. Les jeunes filles allaient souvent travailler comme servantes dans les villes, envoyant leurs gains à la maison paternelle. Le village, ainsi vidé, était d’une tranquillité désolante.

Malgré tous les désagréments de la vie en montagne - travail dur, isolement, faible revenu - nos colons s’organisent: création d’une paroisse, puis d’une municipalité, ouverture d’écoles, de moulins, de commerces, d’établissement de notaires, de médecins, etc. Que de ténacité et d’efforts sont masqués par cette énumération toute neutre!

Située au bout de l’avenue Lac-Marchand, au domaine Las Vegas, cette croix rappelle la présence des Irlandais dans la paroisse. Elle porte une inscription en anglais dont le texte, traduit par Dominique Hétu et Carmen Lefebvre, peut se lire dans ces mots:

"Cette croix sculptée par Joseph King, a été amenée et érigée sur ce site le 15 août 1897 par Felix McCarville, Thomas Smith et John Shields. Elle y fut bénie solennellement par monsieur le curé Pariseau et dédiée à la mémoire de Michael McCarville. Elle a été restaurée en septembre 1986 par les petits-fils de Joseph King, Charles et Edwin Desrosiers de Rawdon, et G.V. Desrosiers de Hartford, Ct, U.S.A., descendants de Michael McCarville."

"Faire sa religion"

Les premières familles qui s’établissent dans l’Augmentation de Kildare sont éloignées de tout, il va sans dire, y compris de l’église. Assister à la messe du dimanche est quasi impossible, car il faut marcher des milles pour se rendre aux paroisses avoisinantes. "Faire sa religion" prend ici tout son sens: le colon doit y mettre du sien. Ce texte tiré de la publication du centenaire en témoigne abondamment:

"C’était tout un problème d’aller faire baptiser un enfant. Voici comment s’effectuait souvent le voyage "des compères": la marraine montait à cheval, tenant l’enfant dans ses bras, le parrain marchait à côté, tenant le cheval par la bride, et le père, une hache à la main passait en avant afin d’enlever les branches d’arbres qui pouvaient obstruer la route. Ils se dirigeaient ainsi vers Saint-Ambroise à travers le bois, anxieux d’y trouver le curé présent, car le même prêtre desservait en même temps la paroisse de Sainte-Mélanie et demeurait une semaine dans chaque paroisse. Force était donc de se rendre à Sainte-Mélanie, quand le curé y résidait, et cela encore à pied car, s’il y avait un chemin entre Saint-Ambroise et Sainte-Mélanie, on n’avait pas d’argent pour se payer le luxe d’un charretier. Le cortège, parti le matin de Saint-Alphonse, n’était de retour qu’à une heure avancée de la soirée et aux prix de quelles fatigues!" 

La petite histoire

Le premier missionnaire à venir à Saint-Alphonse, vers 1840, est l’abbé Rémi Robert, desservant de Sainte-Mélanie et de Saint-Ambroise. C’est dans une maison qu’il célèbre la messe pour la première fois. Bientôt, le besoin d’un endroit propice au culte regroupe les catholiques. Le 10 février 1841, les habitants de l’Augmentation de Kildare adressent une requête à Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, dans le but d’obtenir la permission de bâtir une chapelle. Délégué par Monseigneur, l’abbé François Gagnon, curé de Sainte-Geneviève de Berthier, se rend sur place et fixe l’emplacement de la chapelle sur un terrain que donne Joseph Basinais, sur le lot 8B du 3e rang de l’Augmentation de Kildare. La construction débute à l’hiver; à l’automne, une bâtisse de 40 pieds sur 30 pieds est érigée, dont le haut servira de chapelle et le bas, de logement et de presbytère pour le missionnaire. M. Paré, curé de Saint-Jacques-de-l’Achigan, en fait la bénédiction le 25 octobre 1842. La première grand-messe sera chantée un an plus tard, par le curé Robert, à l’hiver 1843.

L’érection de cette chapelle marque la naissance de la mission du Bienheureux Alphonse; mission est le nom donné à une petite communauté avant la reconnaissance officielle de l’Église.

En mars 1844, en souvenir de la première retraite bilingue, on érige une croix en bois de trente pieds, au sud-ouest de la chapelle et du cimetière. Les cérémonies religieuses demeurent rares à cette époque, on regroupe le plus possible les actes religieux. Ainsi, le 20 juin 1844, 79 personnes de tous âges sont confirmées par Mgr Ignace Bourget, en visite dans la mission.

La vie religieuse a ses hauts et ses bas, dépendante qu’elle est de la visite des missionnaires. Pendant huit ans, de 1842 à 1850, nos ancêtres se débrouillent sans le secours d’un prêtre à demeure. Beau temps, mauvais temps, en été et pire encore en hiver, il leur faut franchir de longues distances, vaincre le froid ou la chaleur et toutes leurs propres angoisses pour aller chercher un prêtre lorsque naît un enfant ou se meurt une grand-mère. Profitant de la visite de Mgr Prince, en octobre 1850, ils demandent un prêtre résident. Enfin, à la mi-novembre, Louis-Adolphe Maréchal, vicaire de Saint-Jacques, est nommé à la cure de la mission du Bienheureux Alphonse. Un grand progrès s’est accompli alors et nos gens, récompensés de leur patience, peuvent maintenant entreprendre une véritable organisation paroissiale.

La population grossit peu à peu et l’exiguïté de la chapelle incite Mgr Bourget, venu déterminer les limites de la paroisse, à parler de la construction d’une église plus spacieuse. Mais avant de se pourvoir d’un nouveau lieu de culte, la mission doit posséder un statut officiel. Depuis les débuts, les habitants ont présenté plusieurs requêtes en vue d’obtenir l’érection canonique, dont la première date du 13 mai 1853. Après quelques autres tentatives infructueuses, le 9 octobre 1858, la mission du Bienheureux Alphonse est érigée canoniquement, devant Saint-Alphonse Rodriguez, du nom de son patron. Cette reconnaissance de l’Église rapporte une stabilité à l’endroit et incite plusieurs familles à s’établir dans nos montagnes.

En 1860, les syndics engagent François Fleury, entrepreneur et menuisier de la paroisse de Saint-Ambroise. Le marché est fait moyennant le prix de 580 louis d’argent légal du Canada. L’église est taillée et levée dans l’été de 1860 et doit être achevée, comme demandé dans le devis, le 1er septembre 1861 et la sacristie, au cours de l’automne.

La saison estivale apporte avec elle un nombre considérable de villégiateurs qui s’intègrent à la communauté résidente de Saint-Alphonse.

Dans les années 1940, quand l’essor touristique bat son plein, le besoin d’un deuxième lieu de culte s’impose.

L’église du village n’arrive plus à contenir les fidèles chaque semaine plus nombreux. Financée grâce à un emprunt et aux sommes recueillies auprès des villégiateurs, la chapelle est inaugurée et bénite le 7 juillet 1946 par le chanoine Omer Bonin, sous le vocable "Notre-Dame de Fatima".

Ayant fonctionné par des dons durant les dix premières années, elle est maintenant autonome au même titre que l’église, dépendant directement de l’évêché.

Pour Saint-Alphonse, des écoles et des "maîtres d’école"

Entre 1830 et 1840, plusieurs paroisses de la région disposent déjà d’une instruction publique. La mission de Saint-Alphonse n’est, à ce moment, qu’au stade de l’établissement. Au cours de cette période, on ne retrouve pas de traces de l’existence d’une école. Mentionnons toutefois que les premiers documents de la commission scolaire sont demeurés introuvables. Ceux que nous possédons ne débutent qu’en 1914. En 1850, il n’y a aucune école bâtie ou en construction. Deux ans plus tard, le recensement du Canada de 1851-1852 fait état de deux écoles.

Par contre, à l’automne 1853, l’abbé Prévost, alors curé de la mission, déplore le fait qu’il n’y aura pas de maître d’école pour l’année scolaire en cours, les gens étant trop pauvres pour supporter une telle dépense. En 1855, on dénombre 1127 personnes dans la paroisse, dont 69 enfants à l’école, chiffres qui indiquent clairement que l’éducation n’est pas une priorité pour la population. En 1856, on compte trois écoles "où les querelles au sujet des arrondissements ont retardé les progrès de l’éducation". On se souvient que les anglophones et les francophones s’étaient opposés sur la désignation du site de la future église. Il semble bien que cette opposition se soit même étendue au niveau scolaire. En dépit des querelles de "clochers", les trois écoles de la paroisse fonctionnent tant bien que mal.

Bien que l’enseignement se donne dans les deux langues, le taux de réussite est meilleur en anglais, puisque les maîtres sont, le plus souvent, anglophones. Ce sujet suscite d’ailleurs bien des plaintes venant des parents francophones. À l’époque, Saint-Alphonse comprend une forte proportion d’anglophones; les écoles sont à caractère bilingue et on désire le maintenir. À la fin du 19e siècle, avec le départ massif des familles irlandaises, l’assimilation des anglophones restants à la majorité francophone se fait plus facilement.

Quand le "maître d’école" est... une institutrice

Le maintien d’une école de rang comporte de nombreuses contraintes. La première est certainement la difficulté de dénicher du personnel qualifié. Dans ses rapports, l’inspecteur de l’Instruction Publique montre une certaine vigilance à cet égard mais face au manque évident de candidat(e)s intéressé(e)s, il tolère l’engagement de jeunes filles sans diplôme. Il est facile d’imaginer le peu d’empressement manifesté par les finissantes de l’École Normale pour un poste à la campagne. L’éloignement, le maigre salaire, les conditions de vie difficiles en découragent plus d’une, sans parler de la solitude morale. Quand une institutrice veut bien accepter le poste, ce sont souvent les moyens financiers qui font défaut. Son salaire, aux frais des contribuables, fluctue selon l’état de leurs revenus. Les mauvaises récoltes, les fléaux naturels, les réparations urgentes à l’école obligent souvent les commissaires à diminuer sa rémunération. L’institutrice doit donc s’accomoder des restes du budget, les octrois gouvernementaux étant principalement affectés à l’entretien des bâtiments scolaires.

L’école de rang ne dispose que d’une institutrice pour tous les élèves. Elle organise l’espace et le temps de manière à les partager équitablement entre tous. Elle doit aussi composer avec les absences reliées aux travaux saisonniers:

"… le printemps, l’enfant perdra des jours d’école pour aider à la tonte des moutons, pour émerger les patates et les semer, pour ramasser les roches. L’automne, il s’absentera au temps de la récolte, au moment du transport et de la rentrée du bois de chauffage, etc."

L’hiver, les tempêtes de neige obligent souvent les enfants à demeurer à la maison lorsque les parents ne peuvent les conduire. Mme Albert Gariépy, ancienne institutrice à l’école l’Assomption, a parfois dû héberger plusieurs enfants à l’école les soirs de mauvais temps. Cette pratique courante à l’époque dans toute la province démontre bien la grande disponibilité de l’institutrice pour ses élèves.

Le bon vieux temps

Voici les règlements auxquels devaient se soumettre les institutrices québécoises au début du siècle, tel que publié dans un magazine scolaire de 1915.

  • Vous ne devez pas vous marier pendant la durée de votre contrat. 
  • Vous ne devez pas être vue en compagnie d’hommes. 
  • Vous devez être disponible, chez vous, entre 8h00 du soir et 6h00 du matin, à moins d’être appelée à l’extérieur par une tâche rattachée à l’école. 
  • Vous ne devez pas flâner en ville dans des lieux publics. 
  • Vous ne devez pas voyager à l’extérieur des limites de la ville à moins d’avoir la permission du président du Conseil des commissaires. 
  • Vous ne devez pas vous promener en voiture avec un homme, à moins qu’il ne soit votre père ou votre frère.  • Vous ne devez pas fumer. 
  • Vous ne devez pas porter de couleurs vives. 
  • Vous ne devez, en aucun cas, vous teindre les cheveux. 
  • Vous devez porter au moins deux jupons. 
  • Vos robes ne doivent pas être plus courtes que deux pouces au-dessus de la cheville. 
  • Vous devez entretenir l’école, balayer le plancher au moins une fois par jour, laver et brosser le plancher au moins une fois par semaine, nettoyer les tableaux au moins une fois par jour et allumer le feu dès 7h00 le matin, de façon à ce que la salle de classe soit réchauffée à 8h00. 
  • La "petite histoire" d’avant l’heure moderne 

En 1925, un grand ménage est demandé dans toutes les écoles de la paroisse. Les commissaires doivent fournir à chaque professeur du bran de scie pour le nettoyage. En effet, le balayage à sec est défendu, "cause de propagation de maladies contagieuses". On doit donc employer du bran de scie pour humidifier le sol.

Dans les écoles d’autrefois, le chauffage au bois n’est pas de tout repos. En plus de rentrer le bois, l’institutrice doit se lever tôt pour chauffer la classe avant l’arrivée des enfants et éviter que l’eau ne gèle par grand froid. Quand elle n’habite pas l’école, c’est un voisin qui se charge d’allumer le feu. En 1933, les commissaires de l’arrondissement no 2 paient quelqu’un pour allumer le poêle de l’école Corcoran. Du 12 novembre au 19 mai, le compte s’élève à 6$, soit 120 allumages à 0,05$ chacun.

En 1941, la commission scolaire doit payer les institutrices 0,13 $ l’heure pour tout travail autre que l’enseignement, comme le nettoyage de la classe. Ce règlement est pourtant bien souvent oublié.

En 1943, Arthur Beauchemin est engagé comme contrôleur des absences pour toutes les écoles de Saint-Alphonse. Toutes les semaines, chaque institutrice lui fournit un relevé des absences qu’il doit contrôler auprès des parents. Son salaire est de 0,10$ l’heure et on alloue 0,10$ de plus pour son cheval.

En 1946, l’arrivée du chauffage au charbon marque un progrès certain pour le couvent. Ainsi, pendant le jour, on utilise le bois pour la cuisine et le chauffage. La nuit, le charbon prend la relève. On peut dormir tranquille, sans avoir à sortir du lit plusieurs fois pour nourrir le feu. Toutefois, seules les religieuses du couvent ont bénéficié de cet avantage, les écoles de rang ayant été chauffées au bois jusqu’à leur fermeture.

Des sous pour vivre... et grandir

Au moment de sa naissance, la vie économique de notre paroisse se résume, il va sans dire, à peu de chose. Comme partout ailleurs à cette époque, les colons s’adonnent d’abord à l’agriculture. Mais avec le temps, le territoire se peuple et des services sur place deviennent nécessaires: un médecin, un notaire s’installent, des commerces s’implantent, des écoles ouvrent leurs portes.

En 1851, la population de plus de 1000 personnes dispose déjà de trois magasins, d’un moulin à scie, d’une église et de deux écoles.

Dix ans plus tard, on compte environ 130 personnes de plus. Deux moulins sont en opération; un forgeron, quatre cordonniers, un tanneur et deux commerçants tiennent boutique au centre du village; d’autres écoles sont construites.

Ce n’est donc pas d’agriculture seulement qu’a pu vivre notre petite communauté. Plusieurs "concessions", composées de sable et de roche, n’offraient pas de ressources agricoles suffisantes et les colons ont alors orienté leurs efforts vers l’exploitation forestière. Au fil des ans, l’industrie a pris de plus en plus d’ampleur. Dans la première moitié du 20e siècle, quatre moulins à scie fonctionnent dans la paroisse. L’été, les gens travaillent aux champs et l’hiver, aux chantiers.

Après ces années d’abondance, la vie économique connaît une baisse importante. La population diminue et plusieurs vont travailler dans les filatures américaines. Vers 1930, une nouvelle activité se développe: le tourisme. Depuis, elle est en constante expansion et Saint-Alphonse accueille annuellement quelque 10 000 villégiateurs.

L’agriculture

En 1851, la paroisse compte 1127 âmes et 176 familles. Les 161 propriétaires fermiers possèdent 15 539 acres de terrain dont 3632 sont en culture (1799 en semences, 1833 en pâturages) et 11 907 en "bois debout" (non défrichés). Plus de 60% des terres sont encore vierges. On cultive surtout l’avoine, le foin, les pommes de terre, les pois, un peu de blé, le sarrasin, l’orge, le seigle et le tabac. On produit 9123 livres de beurre et 3920 livres de sirop d’érable. On sème également du lin et du chanvre dont on obtient 629 verges d’étoffe, 691 de toile et 735 de flanelle (Recensement du Canada, 1851-1852).

Depuis son arrivée, le colon consacre la majeure partie de son temps au défrichement. Il ne cultive que quelques acres pour subvenir aux besoins de sa famille, en tâchant de diversifier sa production. Mais il a beau faire, c’est toujours une agriculture de subsistance car le relief montagneux lui demande une somme de travail considérable.

Presque tout concourt à le décourager: les terres sont pauvres, rocheuses et boisées, et la saison clémente est trop courte pour les cultures.

La situation de l’agriculture ne change guère dans les années suivantes. Elle prend cependant moins d’importance avec le développement de l’industrie du bois. Durant la saison morte, les hommes vont aux chantiers et reviennent au printemps pour les labours. Le père travaille souvent l’été au moulin à scie pendant que ses fils s’occupent de la ferme. Les "bucherons-cultivateurs" vont ainsi chercher un revenu intéressant qui leur permet de se procurer plus facilement animaux, outils agricoles et autres objets essentiels.

Même si l’agriculture ne rapporte pas beaucoup, elle demeure l’occupation principale et nos cultivateurs s’organisent. En mai 1893, ils créent un cercle agricole. Ces cercles, répandus un peu partout au Québec, avaient pour but de renseigner les agriculteurs sur les techniques de production et d’élevage. On pouvait aussi, par leur intermédiaire, acheter en commun les graines de semence, les animaux de race et les instruments aratoires. Dans le déroulement de notre histoire, les efforts et la ténacité des premiers arrivants pour apprivoiser nos montagnes et cultiver ces sols rocailleux fut d’une grande importance.

L’exploitation forestière

Le bois occupe une place importante dans l’économie des paroisses du nord, jusque vers 1930. Plusieurs personnes vivent de cette activité, tout en continuant à cultiver leur lopin de terre.

Lorsque Barthélemy Joliette fonde le Village de l’Industrie (aujourd’hui Joliette), nos terres ne sont encore que forêts. Entre 1830 et 1850, il entreprend de faire la coupe du bois le long de la rivière l’Assomption. Nous savons qu’il se rend jusque dans le canton Kildare. D’ailleurs, la carte de J. Sullivan, de 1830, montre un chemin forestier qui traverse l’Augmentation de Kildare. Il se rendait probablement jusque dans le canton Cathcart. De son côté, Raoul Blanchard mentionne que vers 1840 il y des chantiers dans le canton Cathcart; "on coupe le pin blanc et le pin rouge qui disparaissent avec rapidité" (Blanchard, Raoul, Le Centre du Canada français, p. 432.).

Les premiers administrateurs

Avant 1855, année où la loi établissant l’administration municipale dans toute la province est adoptée, les responsabilités municipales sont confiées à divers intervenants. Au début du développement de la colonie, c’est le clergé qui en prend charge. Puis, vers 1824, ce sont des syndics choisis parmi les colons; ils administrent les affaires municipales et prennent les décisions importantes pour la communauté. Pour gérer les comtés, on crée des conseils régionaux où chaque paroisse délègue un représentant.

Saint-Alphonse fait partie du conseil municipal du comté de Berthier en 1847 et est représenté par Luke Corcoran et Clément Richard. Ces assemblées s’occupent principalement de l’établissement des chemins, préoccupation majeure à l’époque. Les réunions, tenues à Berthier, amènent les délégués de Saint-Alphonse à parcourir de grandes distances, sur des routes difficiles. On peut supposer que la question des distances n’est pas étrangère au fait qu’après 1849, notre paroisse ne fait plus partie de ce comté.

Les maires

1840: Monsieur Luke Corcoran

1860-1876: Monsieur Ludger Robichaud

1877-1878: Monsieur Jean-Louis Martel

1878-1879: Monsieur Hugh Kelly

1880-1882: Monsieur Narcisse Lévesque

1883-1884: Monsieur Jean-Louis Martel

1885-1887: Monsieur Narcisse Lévesque

1887-1888: Monsieur Hugh Cassidy

1889-1893: Monsieur F.M. Trudeau

1894-1896: Monsieur Anthime Gaudet

1897-1898: Monsieur Francis Neilan

1898-1899: Monsieur Anthime Gaudet

1900-1919: Dr. L.A. Olivier

1920-1921: Monsieur Daniel Gaudet

1921-1922: Monsieur Emery Belleville

1923-1936: Monsieur Albert Gaudet

1937-1941: Monsieur Henri Gareau

1941-1945: Monsieur Albert Gaudet

1945-1961: Monsieur Henri Gareau

1961-1963: Monsieur Albert Gariépy

1963-1969: Monsieur Marcel Gaudet

1969-1971: Monsieur Robert Belleville

1971-1977: Monsieur Jacques Olivier

1977-1991: Monsieur Marcel Gaudet

1991-1995: Monsieur Jean Marois

1995-1998: Madame Johanne Piette

1998: Commission municipale

1998-2003: Monsieur Roger Carrier

2003-2005: Monsieur Michel Bélec

2005-2009: Monsieur Louis yves LeBeau

2009-2017: Monsieur Robert Desnoyers

2017: Madame Isabelle Perreault

Quelques anecdotes municipales

En 1879, la paroisse compte autant d’anglophones que de francophones au conseil, puisqu’on achète le code municipal (1 $) dans les deux langues.

Le 5 mars 1884, le conseil municipal vote un règlement contre l’alcool:

"…qu’à l’avenir, aucune licence pour vendre et détailler des liqueurs spiritueuses, vineuses ou fermentées en cette paroisse ne soit accordée par le Percepteur du Revenu de l’Intérieur, ou par tout autre personne préposée à cet effet, et que copie soit signifiée au dit percepteur pour servir ce que droit".

Ce règlement ne sera aboli qu’en 1968.

Le 12 janvier 1885, on propose Narcisse Lévesque comme maire. Il refuse l’offre, ne sachant ni lire et écrire. Peu importe, sans doute, à la population puisqu’il est tout de même élu.

Le "Shawinigan Water and Power Company" installe le premier système d’éclairage dans les rues en 1938. Quel changement pour les gens du village!

À plusieurs reprises, le conseil vote le versement d’une prime pour les loups et ours qui déciment les troupeaux de moutons. Ainsi, en 1925, on paie 10 $ à tous ceux qui fournissent une preuve "suffisante" de leur chasse.

Le 14 août 1947, lors du mandat du maire Henri Gareau, on prohibe le port du costume de bain, du maillot et de la culotte courte (shorts) dans les chemins et places publiques de la municipalité. Ces "shorts" indécents font même en 1952 l’objet d’un sermon du curé Joseph Perreault:

"Mes frères, au début des vacances, je vous avais demandé de porter des vêtements décents, surtout sur la route et dans les endroits publics. J’aurais aimé ne pas avoir à revenir sur le sujet, mais les nombreuses personnes qui s’exhibent en shorts sur la route et dans les restaurants m’obligent de faire de nouveau appel à votre bonne volonté. Je n’ai pas à vous dicter quel vêtement porter chez vous, mais lorsque vous vous promenez ou que vous allez au restaurant, je vous demanderais de bannir de votre costume ce vêtement indécent qu’on nomme "short" et qui a déjà été condamné par nos évêques dans leur lettre pastorale collective de 1946. C’est dans votre intérêt si vous désirez conserver votre belle réputation".

Le service postal

Avant l’établissement des bureaux de poste, la transmission des nouvelles se fait par les voyageurs et les "quêteux"; le bouche-à-oreille est le seul moyen de se tenir au courant des événements importants.

Le 6 septembre 1852, on établit le service postal à Saint-Alphonse et Luke Corcoran est nommé maître de poste. En 1853, sept mois par an, John Corcoran, son frère, effectue l’aller-retour Rawdon - Saint-Alphonse quatre fois la semaine pour transporter le courrier au moyen de chevaux (Fournier, Marcel, Rawdon: 175 ans d’histoire, p. 191.). Le bureau postal se trouve habituellement au domicile du maître de poste ou dans un magasin général du village. On peut donc penser que le premier local a été ouvert dans le bas de la paroisse, à la résidence de Luke Corcoran, dans le 1er rang de l’Augmentation de Kildare. D’ailleurs, bien des années plus tard, vers 1925, Mme John Corcoran, devenue veuve, tenait encore un comptoir postal à sa maison, avenue Corcoran.

Après Luke Corcoran, plusieurs maîtres de poste se succèdent, à différents endroits du village. Le premier facteur rural de notre paroisse est Albert Gaudet. Il commence sa tournée en 1938, avec une vingtaine de boîtes aux lettres. Il effectue ce travail durant quelques années; ensuite, son fils Reynald prend la relève, aidé quelquefois de son frère Roger et des frères Lévesque, Alcide et Charles Arsène pour les mois d’hiver. Roger Gaudet commence sa carrière de facteur en 1943. Il la pratique par tous les temps et par tous les moyens: à cheval, en voiture, à pied, à ski. Au fil des ans, l’automobile remplace le cheval sur des routes mieux entretenues.

Le service téléphonique

Le téléphone représente aujourd’hui un outil de communication indispensable. Mais pour parvenir au réseau complexe et efficace dont nous disposons maintenant, il a fallu bien des efforts et beaucoup d’imagination.

En 1900, trois Joliettains, William Copping, le juge François Octave Dugas et le notaire Joseph Pierre Octave Guilbeault s’associent pour fonder la Compagnie de téléphone Joliette. La première ligne, ouverte en 1902, entre Saint-Michel-des-Saints et Joliette, dessert Saint-Ambroise, Saint-Alphonse, Saint-Côme, Sainte-Béatrix… Par la suite, en 1949, la compagnie de téléphone Bell déjà installée à Joliette depuis 1888, achète la compagnie, étendant ainsi son réseau.

Les débuts du téléphone dans la paroisse sont plutôt modestes. Saint-Alphonse-Rodriguez est inscrit pour la première fois dans l’annuaire du Québec-Nord, en janvier 1917, parmi les bureaux téléphoniques reliés aux lignes interurbaines de la compagnie Bell. La première ligne d’abonnés paraît en 1949, dans l’annuaire de Trois-Rivières. La représentante locale de Bell est Anna Gaudet et elle opère le tableau de distribution à partir de sa maison privée du 1091, rue Notre-Dame. Il y a cette année-là 36 abonnés dont 23 de Saint-Alphonse et 13 de Saint-Côme.

Le 17 décembre 1961, le téléphone à cadran fait son apparition dans la paroisse. Les usagers sont maintenant dotés d’une numérotation en chiffres ayant pour indicatif local le chiffre 883. Le 7 juillet 1968, Bell Canada inaugure un nouveau service, l’interurbain automatique, reliant plus de 100 000 personnes dans toute l’Amérique du Nord. L’époque de la chef téléphoniste et de son service à manivelle est bel et bien révolue.

L’électricité

Il n’y a pas si longtemps, le village a connu tous les émois qu’on peut imaginer en mettant au rancart la bonne vieille lampe à l’huile, la glacière et le poêle à bois. Il a fallu apprendre une nouvelle façon de vivre, puisque tout s’est mis à aller plus vite…

En 1933, la municipalité entreprend des démarches auprès de la Shawinigan Water and Power Company pour obtenir l’électricité.

Après trois ans d’attente, le conseil renouvelle sa demande par une requête auprès de la Commission d’électricité de la Province de Québec pour que les contribuables du village et des lacs environnants obtiennent une ligne de transmission. Cette démarche porte fruit puisque, selon M.Albert Gariépy, la veille de Noël, le 24 décembre 1937 à l’heure du souper, le village "s’allume" pour la première fois.

Quelques mois plus tard, le 19 septembre 1938, le conseil municipal procède à l’examen d’un règlement accordant à la même compagnie le droit d’installer un système d’éclairage électrique dans les rues du village pour une période de cinq ans. Ce règlement est adopté le 12 octobre 1938 et approuvé par la majorité des électeurs. Si le village bénéficie déjà de ce service, il n’en est pas de même du reste de la paroisse. Ce n’est qu’en 1951, de même que plusieurs autres domaines. L’électricité sert alors à tout. Presque tout, puisque c’est que beaucoup plus tard qu’on l’utilisera pour remplacer le chauffage au bois ou au charbon.

Service médical

Dans les débuts de la colonie, nos ancêtres utilisent les plantes médicinales pour guérir les maux courants. Comme le plus proche médecin est à Saint-Ambroise, on doit souvent se débrouiller seul. La sage-femme, de même que les "ramancheux" et ceux qui possédent un don particulier mettent leurs connaissances au service de la communauté. Cette médecine des sages vient à bout des malaises habituels mais demeure souvent impuissante devant la contagion, ce qui explique les ravages causés par les nombreuses épidémies qui ont touché notre paroisse.

Le docteur Pierre-Paul Renaud est le premier médecin dont on retrouve la trace chez nous, vers 1880. On ignore pendant combien d’années exactement il a pratiqué ici; toutefois, quand il vend sa maison en 1892, il est médecin à L’Assomption. Son successeur, Louis-Auguste Olivier, s’installe à Saint-Alphonse en 1890 et y pratique pendant de nombreuses années.

Les lois de la santé, telles que décrites dans L’Étoile du Nord du jeudi, 22 décembre 1887.

  • Un air pur est la nourriture des poumons
  • Une nourriture saine et bien cuite.
  • L’eau ne doit pas être glacée mais refroidie en la plaçant sur la glace.
  • Un exercice complet en plein air.
  • Du soleil en grande quantité.
  • Il ne faut pas s’asseoir ou lire dans une chambre obscure ou éclairée par le gaz.
  • Pour les occupations d’un caractère très fort, huit heures d’ouvrage, huit heures de sommeil et huit heures de repos.
  • Baignez-vous une fois par semaine. Les bains doivent être de la même température que le corps.
  • Pas de mariage avec de proches parents.
  • Ayez en horreur le vin, le whiskey, la bière et le tabac.
  • Un habit propre et suffisant qui ne sera pas juste au corps mais blanc et chaud.
  • Les couleurs blanches pour l’été et noires pour l’hiver. En hiver, portez un bandage de flanelle autour de l’abdomen.

Quelques dates importantes

  • Mai 1888 - La rougeole sévit à Saint-Alphonse et fait plusieurs morts parmi les enfants. 
  • Janvier 1902 - La vaccination contre la variole devient obligatoire. 
  • Juillet 1916 - Un bureau de santé s’installe dans la paroisse. John McDonald, Théodore Jeansonne et Hormidas Gaudet sont nommés officiers de ce bureau et le docteur Louis-Auguste Olivier, chef exécutif. 
  • 1916 - 1918 - La grippe espagnole fait des ravages dans tout le pays. À Saint-Alphonse, on rapporte quatre décès. Selon les dires, chaque famille soignait ses malades par une fenêtre ouverte, de crainte d’être contaminée. 
  • Années 30 - Le docteur Allaire de l’Unité sanitaire vaccine les enfants qui vont à l’école. 
  • Septembre 1946 - On accuse un retard dans l’ouverture des classes au couvent à cause de la paralysie infantile qui éprouve quelques familles de Saint-Alphonse.

Service dentaire

À l’époque, l’hygiène dentaire est inexistante: on ne connaît ni la prévention des caries, ni les traitements esthétiques, pas plus que le brossage quotidien. Quand une dent finit par faire trop mal, on l’arrache tout bonnement, sans anesthésie. Souvent le médecin remplit cette tâche et se rend à domicile pour extraire les dents de tous les membres de la famille qui en ont besoin. Quand il n’est pas disponible, une personne de confiance fait tout autant l’affaire: Mme Louis-Auguste Olivier s’est improvisée dentiste pour plus d’une personne dans le village. Elle assoyait son client sur la galerie et son frère, M. Basinet, tenait solidement la tête du "patient" pendant qu’elle procédait à l’extraction.

Heureusement, les choses ont bien changé!

Notariat

Il est curieux de découvrir qu’avant même d’avoir connu les services d’un médecin, la paroisse de Saint-Alphonse a bénéficié des services d’un notaire. Celui-ci occupe d’ailleurs bien d’autres fonctions, étant probablement, avec le curé, une des personnes les plus instruites de la communauté. Maxime Lavoie s’installe dans le village vers 1860. En plus du notariat, il détient le poste de secrétaire municipal pendant neuf ans, de1867 à 1876. Après cela, il est nommé maître de poste de 1867 à 1883, date à laquelle il va s’installer à Saint-Ambroise.

Sources:
HÉTU, Dominique, Carmen LEFEBVRE. Si j’ai bonne souvenance, Saint-Alphonse Rodriguez, Québec, Éditions Odile Germain inc., 1987, 228 p. MORISSONNEAU, Christian, et autres. Guide de Lanaudière, Culture, histoire et tourisme, Éditeur Le Citoyen, 1985, 328 p.

Des personnages célèbres de Saint-Alphonse-Rodriguez

Les parents maternels de l’auteur Gabrielle Roy sont d’origine lanaudoise: ils ont vécu à Saint-Alphonse-Rodriguez. Elle décrit à sa façon dans La détresse et l’enchantement, (le récit autobiographique de la première moitié de sa vie) l’histoire de sa famille telle que sa mère la lui avait racontée lorsqu’elles vivaient à Saint-Boniface.

"…Ils avaient beaucoup d’enfants. Tous les nôtres élevèrent des familles nombreuses. Nos prêtres disaient qu’à ce prix nous reconquerrions notre place au soleil. À Saint-Jacques-l’Achigan, ils furent bientôt à l’étroit. Un peu au nord s’élevait une sévère chaîne de collines. La terre y était pauvre, semée de cailloux, hérissée d’épinettes sombres. C’est pourtant là que montèrent s’installer ton grand-père Élie et ta grand-mère Émilie. Personne ne travailla jamais la terre autant que ces deux-là, raconta maman, les yeux au loin et comme navrée encore de leur long effort laborieux. Ils défrichairent, ils arrachèrent au sol des milliers de pierres, ils en érigèrent des monticules, des murets, ils se firent quelques champs d’avoine, de blé noir. Leur première cabane fut bientôt remplacée par la maison où je suis née, celle que tu as vue dans l’album. Ton grand-père était habile: notre maison avait belle allure. Nous y avons mangé plus souvent de la galette de sarrazin que du pain blanc, mais je pense y avoir été une petite fille heureuse.

Pourquoi, si vous étiez heureux à Saint-Alphonse-de-Rodriguez, êtes-vous encore partis ? Ai-je demandé.

On a peut-être du sang d’errants dans les veines à force d’errer, dit maman (…)"

(ROY, Gabrielle, La détresse et l’enchantement, Montréal, Éd. Boréal Express, 1984, p. 26-27)

Ici, le dialogue sur les souvenirs entre la mère et sa fille se poursuit jusqu’au départ pour la concession de la montagne Pimbina au Manitoba. Cette "histoire de vie" prend des proportions insoupçonnées, sans chiffre, sans modèle, sans date…

Sources:
HÉTU, Dominique, Carmen LEFEBVRE. Si j’ai bonne souvenance, Saint-Alphonse Rodriguez, Québec, Éditions Odile Germain inc., 1987, 228 p. MORISSONNEAU, Christian, et autres. Guide de Lanaudière, Culture, histoire et tourisme, Éditeur Le Citoyen, 1985, 328 p.

La toponymie de Saint-Alphonse-Rodriguez

D'où vient le nom de Saint-Alphonse-Rodriguez? Dès l'origine, la paroisse est mise sous le patronage du Bienheureux Alphonse Rodriguez. Après sa canonisation en 1888, le nom de Saint-Alphonse-Rodriguez apparaît dans les registres officiels.

Mais qui est saint Alphonse Rodriguez? Né à Ségovie, en Espagne, vers 1530, il étudie pendant quelque temps au Collège des Jésuites d'Alcola. À la mort de son père, Jacques Rodriguez, il prend en charge le commerce de drap. Il se marie en 1557, a deux fils et une fille.

Son commerce périclite. De plus, il perd sa mère, sa femme et ses enfants. Alonso Rodriguez (son véritable nom est Alonso et non Alfonso) se retrouve seul. Il entre dans la Compagnie de Jésus pour devenir jésuite à Valence, le 31 janvier 1571. On l'envoie, le 10 août de la même année, au collège de Montession à Palma de Majorque. Il y passe 46 ans comme portier. À l'aube du 31 octobre 1617, il meurt. Ses écrits ascétiques et mystiques sont conservés au Musée du Saint. Il est canonisé en 1888 par Léon XIII.

Partout, il est fait mention de Saint-Alphonse-Rodriguez et non de Saint-Alphonse-DE-Rodriguez. Il y a plusieurs hypothèses quant à l'apparition du DE: une particule ajoutée au nom du saint, un endroit que l'on désigne sous le nom de DE RODRIGUEZ (comme Sainte-Émélie-de-l'Énergie). On peut même penser à une déformation du toponyme par le langage courant. Encore aujourd'hui, on entend souvent dire Saint-Alphonse-de-Rodriguez, qu'on associe sans doute à l'habitude des toponymes régionaux comprenant un DE: Saint-Ambroise-de-Kildare, Saint-Jean-de-Matha.

"Corcoran" - Lieu-dit du lac des Français qui rappelle l’esprit d’entreprise du premier secrétaire de la municipalité et de la commission scolaire, Luke Corcoran. Un chemin porte aussi son nom.

"Riche-en-Bois" - Lieu-dit très évocateur des ressources du milieu, au nord du lac Cloutier.

Moule-à-biscuit - Hydronyme (nom de cours d’eau) qui désigne une marmite ou un remou au pied d’une cascade qui forme de petits capuchons d’écume. Le "moule-à-biscuit" de Saint-Alphonse-Rodriguez, peut être confondu aujourd’hui avec la section de cours d’eau nommée "Eau-vive". L’image du moule-à-biscuit est très bien décrite dans une chanson de Jean-Claude Mirandette (de Saint-Zénon) qui raconte celui de la rivière Noire.

Le promontoire - Toponyme relatif au monticule où l’on a érigé une croix pour clore la première retraite paroissiale. "Ce monument de la piété des habitants du Bienheureux Alphonse couronne le sommet d’une colline qui domine les environs d’où l’oeil découvre dans le lointain les doubles flèches de l’église de L’Assomption, et quelques lieues plus au sud, la majestueuse montagne de Saint-Hilaire." (Tiré: "Centenaire de la paroisse de Saint-Alphonse-Rodriguez 1842-1942")

Lac Pierre - Anciennement le lac Saint-Joseph, tel que désigné par Mgr Bourget le 7 juillet 1861. La petite île charmante de ce lac a été baptisée, "L’Immaculée Conception" par la même occasion. Mgr Bourget y a aussi planté une croix souhaitant y ériger une chapelle: Notre-Dame-des-Colons. L’île s’est aussi appelée l’île "Thériault". On l’appelle aujourd’hui, l’île Louise.

Sources:
HÉTU, Dominique, Carmen LEFEBVRE. Si j'ai bonne souvenance, Saint-Alphonse Rodriguez, Québec, Éditions Odile Germain inc., 1987, 228 p. MORISSONNEAU, Christian, et autres. Guide de Lanaudière, Culture, histoire et tourisme, Éditeur Le Citoyen, 1985, 328 p.


La Maison de la culture de Saint-Alphonse-Rodriguez

Maison de la culture - 20, rue de la Plage, Saint-Alphonse-Rodriguez

La Maison de la culture de Saint-Alphonse-Rodriguez est située au 20, rue de la Plage. Nous ne connaissons pas la date exacte de la construction de cette maison ancestrale, mais nous savons qu’en 1878, le bâtiment abrite une famille.

Vers 1955, on déplace la bâtisse alors située sur la rue Notre-Dame pour la replacer à son emplacement actuel afin de laisser le passage pour la construction de la rue de la Plage.

De 1878 jusqu’en 1922, elle devient la première école du village. Au début du XXe siècle, la famille d’Adélard Gariépy et d’Anna Gauthier habite au premier étage et le rez-de-chaussée sert de local pour les écoliers jusqu’à la construction du Couvent en 1923.

En 1923, la maison devient la propriété de la municipalité qui convertira le rez-de-chaussée en salle pour le conseil municipal. Une famille occupera l’étage du haut pour encore plusieurs années, notamment celle de Roger Lafond et Germaine Tellier vers 1960.

Le Centre d’information touristique partage le rez-de-chaussée avec la bibliothèque en 1982 et le premier étage est inoccupé. Cette même année, la Caisse populaire s’y installera quelques mois en attendant la construction de leur immeuble, aujourd’hui la bibliothèque.

En 1990, on réaménage le local afin que la bibliothèque puisse occuper complètement l’espace jusqu’en 2010. À l’étage, le local libre accommode la collectivité pour y tenir des activités diverses.

Suite au déménagement de la bibliothèque en 2011 au 99 rue de la Plage, la municipalité y installe la Maison de la culture.

Aujourd'hui, la maison de la culture accueille des expositions et des manifestations artistiques variées.

Pour en savoir plus, contactez la coordonnatrice à la culture au 450 883-2264 poste 7435 ou biblio@munsar.ca

Source : Société d’histoire de Saint-Alphonse-Rodriguez